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Pour ce numéro, pas vraiment de questions-réponses (mais la FAQ maintenant online dans la rubrique Ressources), mais deux petits articles intéressants. L'un est une critique approfondie du logiciel Melody Maker, un logiciel de musique assistée par ordinateur qui propose tout un module spécifique pour l'harmonica. L'autre partie de cette ressource est un débat entre moi-même et Sébastien Charlier, notre résident technicien, sur le sujet de la notion de position dans la théorie de l'harmonica. Ce débat reste ouvert et nous vous invitons à y contribuer activement. Nous mettrons à jour les contributions au fur et à mesure de leur réception.
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par Sébastien Charlier Voilà une petite merveille qui offre enfin aux harmonicistes la possibilité de tablaturer leurs musiques. Evidemment, le logiciel est très complet et ne se destine pas exclusivement à des harmonicistes sachant écrire la musique. En réalité, tous les instruments à cordes (ou presque) sont aussi concernés puisque les auteurs ont eu la bonne idée de proposer le plus de tablatures possibles : de la guitare (avec la plupart de ses open tuning...) à la balalïka alto en passant par le luth, le banjo Bluegrass (5 cordes). De plus, vous aurez accès à tout un tas de paramètres vous permettant de définir l'écartement maximal entre l'index et l'auriculaire, la position du capodastre, le type de position d'accord etc... Aucun logiciel jusque là n'avait poussé aussi loin l'editing de la tablature.Le logiciel foumille d'une multitude de détails pratiques, tout est fait pour éviter d'apprendre par coeur les fameux raccourcis claviers obligatoires sur la plupart des logiciels qui font référence. Pour ce qui nous concerne directement, nous sommes gâtés : en effet, du choix de l'harmonica (diatonique ou chromatique) au types de tablatures (puisque vous savez qu'il n'y a pas d'orthodoxie en la matière) jusqu'au choix de l'accordage (Majeur diatonique, mineur naturel, Melody Maker, etc... avec la possibilité de construire soi-même ses propres intervalles !), tout nous est donné pour assurer une parfaite correspondance entre ce qui est joué et ce qui est tablaturé. Sans oublier les options du genre "autoriser les overblows" (c'est la moindre des choses), "tablature sur deux lignes", "optimisées en fonction du souffle" etc... C'est la première fois que l'on pense à nous et pour une nouvelle, c'est une bonne nouv... 90 Frs !!! rendez vous compte ? Pour vous donner un aperçu de la puissance de l'outil malgré son faible coût, entrons dans les détails. Melody Assistant privilégie la saisie des notes : toute l'interface est pensée à cet effet ; et même si la petitesse des icônes peut rebuter au premier abord, leur multiplicité à l'écran nous permet d'avoir tout sous la main : rien de plus convivial. Nombreuses options s'offrent à l'utilisateur pour parfaire la saisie : recalcul du sens des tiges, écriture enharmonique, longueur des mesures modulable, humanisation du jeu etc... A ce niveau Melody Assistant tient la dragée haute à bon nombre de logiciels d'édition dits "professionnels" ! A ce prix là, vous ne pourrez tout de même pas enregistrer en temps réel, il s'agit d'une saisie pas à pas. Pour compenser ce petit problème, Melody Assistant mise sur la possibilité d'importer bon nombre de fichiers aux formats différents : du traditionnel Midifile au .MOD (bien connu des trackers) en passant par le .STY (issu de Band in a Box). De la même façon, vous resterez ouvert à d'autres formats propriétaires lors de l'exportation ; les auteurs ont d'ailleurs eu la brillante idée d'intégrer la possibilté d'exporter en .WAV (PC), .AIFF (Mac) et même en... .MP3 !!! bien pratique. Il y a bien sûr beaucoup d'autres éléments à prendre en compte (écriture des paroles, mise en page, table de mixage Midi etc...) mais je ne saurais trop vous conseiller de l'essayer, vous ne serez certainement pas déçu. N'oubliez cependant pas qu'il s'agit d'écrire la musique et non les tablatures puisqu'elles ne sont pas sensées donner le rythme.
Pour se procurer Melody Assistant 4.2.0 rendez-vous sur le site de Myriad Online :
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Pas de positions pour l'an 2000 ? Débat sur l'utilité de la notion de position dans la théorie de l'harmonica Benoît : Je t'ai plusieurs fois entendu dire du concept de 'positions' qu'il était obsolète et qu'il n'avait plus beaucoup de sens par rapport à l'harmonica diatonique aujourd'hui. Pourrais-tu élaborer un peu ?Sébastien : Tu as légèrement déformé mon propos : les positions ont TOUJOURS été obsolètes pour un musicien, même quand personne ne jouait dans toutes les tonalités sur un seul harmonica. Avant de t'expliquer pourquoi, faisons un petit récapitulatif. Qu'est-ce qu'indique le terme de position ? Signalons d'abord que tout le monde n'est pas d'accord sur le sens exact, y compris certains harmonicistes et/ou auteurs de méthodes émérites. Mais si on rationalise le tout on aboutit à la définition suivante : une position détermine la tonalité dans laquelle on joue par rapport à la tonalité de l'harmonica. Elles s'enchaînent selon le cycle des quintes descendantes, il y en a donc douze en théorie, même si la plupart des harmonicistes n'utilisent que les trois premières. Cette conception pose plusieurs problèmes : cela sous entend qu'un morceau reste toujours dans une même tonalité ce qui n'est pas le cas très souvent, cela encourage aussi les harmonicistes (de blues en particulier) à ne pas suivre les accords puisque si tu joues en 'seconde position' sur un Do pour un blues en sol, tu vas jouer en sol sur les trois accords. Enfin, cela sous-entend qu'il n'y a qu'une gamme pour chaque position qui est la gamme blues... Cela réduit considérablement la musique au... Blues ! Quel dommage ! Tant qu'on joue Blues je conçois qu'elles puissent suffire (les positions) et encore... si l'on sait en quoi on joue évidemment. Mais la plupart des harmonicistes s'essaient (heureusement) à d'autres styles et c'est là que tout commence à se compliquer. Ce genre de recettes de cuisine ne suffit ni à comprendre les structures ni à communiquer avec d'autres musiciens... Benoît : Jai toujours conçu les positions comme un moyen mnémotechnique de repérer ce qui peut être plus facilement joué sur un harmonica. Evidemment, je comprends ton argument selon lequel cela peut convenir pour du blues (puisquun blues en sol suit une grille Sol/Do/Ré soit 2ème/1ère/3ème position sur un harmonica en Do). Peux-tu préciser pourquoi tu dis et encore ? Sébastien : Il n'y a pas de réel rapport direct entre les accords d'un Blues et les 3 premières positions. Si ce n'est que les 3 premières positions correspondent aux degrés I IV et V d'une tonalité du fait qu'elles s'enchainent par quinte descendante (les positions). Sur un Blues Majeur, il n'est pas forcément utile de changer de tonalité (en tout cas aucun harmoniciste de Bluuueeees ne le fait concrètement). Ce qui n'est pas le cas d'un Blues où les accords sont mineurs. Sur un Blues mineur il convient de changer en fonction des accords, d'où le fait de jouer en Sol, Do, et Ré au bon moment, cela correspond aux positions dans une certaine mesure (il faut alors considérer la position 1 comme étant une position Blues, ce que pratiquement personne ne fait puisque cela sous-entend de jouer plusieurs overblows). Du fait d'un certain nombre de règles harmoniques, il est toujours possible de jouer une quarte en dessous ou une quinte au dessus d'une tonalité, par le fait que ce sont les tonalités les plus voisines sur le cercle des quintes. Or les positions se déclinent suivant le cycle des quintes d'où le fait que sur un blues majeur en sol, jouer sur l'ensemble des accords en sol ne sonne pas plus faux que d'habitude (pour autant qu'on apprécie à sa juste valeur le placement d'une tierce mineure sur un accord Majeur). Mais encore une fois (et c'est peut-être bon signe puisque c'est Blues) quelle tristesse...Mais le fait de penser une première position Blues incite à penser toutes les positions comme étant des positions Blues, ce que pratiquement personne ne fait non plus (en tout cas pas les notices explicatives des harmos, ni les méthodes connues). Si une position est tantôt Blues, tantôt Majeure, tantôt mineure naturelle, comme s'attachent à le défendre un certain nombre d'instrumentistes jouant de l'harmonica, cela devient le Big Bazar, et le concept n'a plus rien de mnémotechnique... Pourquoi ne pas appeler un chat un chat et dire 'je joue en Sol majeur sur un Do ?
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