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Critiques

Steve Guyger - Past Life Blues

Steve Guyger - Past Life Blues

Nombreux sont les harmonicistes de blues qui tentent de retrouver un certain eldorado du son, un côté vintage malgré la modernité des techniques d’enregistrement et de jeu. Bien souvent, ces tentatives se soldent par un ersatz fade, du au simple fait que c’est l’esprit du blues des pionniers qui fait que ça sonne et pas la lettre.

Steve Guyger a étudié aux pieds des maîtres du genre, et il n’y a aucun doute que son cœur se trouve là, dans ce blues de l’immédiat après-guerre. Mais contrairement à d’autres pourtant plus connus que lui sur la scène Blues il a intégré l’esprit du style et non pas la lettre. C’est cela qui rend son approche intéressante et qui, au final fait qu’on revient à ses disques au-delà de la première écoute. J’ai découvert Steve il y a deux ans à travers son ‘Last Train to Dover’ que je vous recommande chaudement au passage, un exercice semi acoustique avec contrebasse et guitare électrique, très chaleureux, vraiment sympa. Il nous revient aujourd’hui avec Past Life Blues, où il est entouré d’un groupe plus conventionnel avec batterie, basse et guitare.

Dès les premières mesures de ‘I Thought I Heard’, le morceau qui ouvre l’album, on est en territoire connu : un enregistrement Live en studio, un son d’harmo accrocheur, une instrumentation intime. Les musiciens qui accompagnent Steve ne déméritent pas d’ailleurs. Le guitariste en particulier joue d’un style assez fluide, inventif, qui font de ses solos un régal.

Steve quant à lui joue essentiellement amplifié (là où sur ‘Last Train to Dover’ il alternait entre acoustique et amplifié). Son jeu d’harmonica est dépouillé, il laisse respirer les phrases, résonner les notes. Il a un bon groove et sait se servir de l’amplification pour donner de la couleur à son son. Ce qui est intéressant c’est que tout en restant fermement ancrés dans la tradition blues ses phrasés sonnent frais. Ce n’est pas du pré-maché industriel mais le fruit d’influences digérées dont il a su se détacher pour trouver son propre langage.

Le choix de morceaux est judicieux, il passe de morceaux rythmés mais plutôt Relax à des rockers de première, comme ‘We’re Gonna Ride’ où il sort son chro 64, sur lequel il n’assure pas qu’un peu ! Quelques slow blues (‘I Tried So Hard’, très Muddy Waters, ou l’excellent ‘Bricks in My Pillow’, acoustique). Une mention spéciale enfin pour ‘Monkey on a Limb’ l’avant dernier morceau de l’album, très jazzy, qui tranche et ravive l’oreille.

Si j’avais un reproche à faire à cet album, c’est que la voix de Steve Guyger n’assure pas toujours suffisamment pour faire impression. Il manque par moment de puissance et de justesse pour faire passer ses textes avec conviction. C’est regrettable, car je pense qu’il est un des harmonicistes majeurs de la scène blues d’aujourd’hui et mérite vraiment d’être plus connu. Malgré cela, je vous recommande chaudement l’acquisition de cet album (et du précédent) qui vous fera redécouvrir le blues à l’harmonica si certains harmonicistes ‘prévisibles’ vous l’avaient fait oublier !

Benoît Felten


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