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Discographie d'Adam Gussow

 

Adam n'a que trois disques à son actif, les trois en duo avec Mr Satan. Souhaitons qu'il enregistre de nouveau rapidement, car la qualité de ces trois là vaut le déplacement...

Harlem Blues.jpg (14778 octets)Harlem Blues

Cet album est tellement ‘brut’ qu’on ne peut pas ne pas sentir que l’origine du duo Satan & Adam soit la rue. Ils sont rentrés dans une salle d’enregistrement, fait une balance (plus ou moins) et lancé la bande. Avec les imperfections que cela suppose, mais des imperfections qui font partie du jeu. Il permet clairement de sentir aussi pourquoi le duo était si populaire à Harlem et dans Central Park. A l’écouter, je regrette vraiment de ne jamais les avoir vu en Live…

L’album commence sur une chanson qui pète, ‘I want you’, les percus aux pieds de Mr Satan à plein pot, et sa voix soul rauque qui attaque à fond. Il y a quelque chose dans ce morceau qui fait qu’il est impossible de ne pas réagir à la rythmique… Heureusement, tout l’album n’est pas à ce rythme sans quoi ça en deviendrait lassant. Le duo alterne entre des morceau plus soul, plus groovy et des bon rockers qui déménagent.

Tous les éléments qui forgent le son de Satan & Adam sont là, à l’état brut : les cymbales et la gratte de Mr Satan (avec un petit tremolo s’il vous plait), sa voix et sa joie de chanter qui exultent, et bien sur, l’harmonica de ‘Mr Gussow’… Le son global d’ailleurs provient de ce rôle très particulier que joue Adam dans l’instrumentation. Il n’est pas seulement soliste, l’harmonica participe à la rythmique, mais pas de la manière habituelle qu’on pourrait imaginer : ce ne sont pas des accords, mais une nappe qui se tisse derrière la guitare, des notes rapides qui tournent autour du chant, bref, une touche jazzy qui entoure en permanance l’ensemble.

Bref, Harlem Blues a de l’énergie à revendre, aucun doute là-dessus. Il témoigne d’un blues de la rue, mais d’un blues noyé d’influences soul, jazz et funk, un blues éminemment joyeux.

 

Buy Harlem Blues

Mother Mojo.jpg (15150 octets)Mother Mojo

Dès le début de ce second album, on sent une certaine recherche de son qui n’était pas présente dans le premier. Mais le cœur du duo est toujours là : c’est la joie de jouer ensemble, présente à tout instants, même lorsque Mr Satan entame des chansons plus tristes.

De toute évidence, le côté jazzy d’Adam commence à se faire sentir plus clairement sur ce disque. Certains morceaux, tout en gardant une sonorité blues, frisent même ce territoire mystérieux : ainsi la reprise de Watermelon Man.

La structure d’entrée dans l’album est similaire à celle utilisée dans Harlem Blues : commençons avec un truc qui bouge. Le ‘Mother Mojo’ du titre est bien de cela, une rythmique très funky, un beat sans pitié. Ensuite s’enchaînent quelques morceaux plus relax, dont le superbe Ain’t nobody better than nobody, la chose la plus proche d’une ballade qu’on puisse entendre sur ce disque, même si la rythmique s’emporte par moments.

Plus que dans le premier peut-être, le côté prêcheur de Mr Satan est apparent, il apostrophe l’auditeur avec tant de conviction qu’on jurerait qu’il est au coin de la rue. Cela ressort en particulier le morceau ‘Freedom for my People’ où il dit ‘We’ve been waiting / Hoping and Praying / Something must have gone wrong / It’s taking way too long’ qui rappelle les meilleurs passages de la biographie d’Adam, lorsque celui-ci s’obstine à aller jouer avec Mr Satan alors même que les émeutes raciales secouent Harlem.

Finalement, ce second album perd peut-être un peu de cette énergie primitive qui illuminait Harlem Blues, mais c’est pour gagner une certaine profondeur de ton et une légèreté toute jazzy. On y perd pas au change.

Buy Mother Mojo

Living on the River.jpg (18023 octets)Living on the River

La veine jazzy qui s'amorçait dans Mother Mojo se confirme ici, en particulier à travers le jeu d’harmonica d’Adam, et certaines instrumentations plus étoffées. On y trouve même une section cuivre sur ‘Proud Mary’. Du point de vue son, la progression est évidente entre ‘Harlem Blues’ et ‘Living on the River’. Il y a plus d’espace ici. Mr Satan use de ces percussions avec plus de parcimonie, voire même invite d’autres percussionistes à entourer le duo.

Ce son plus raffiné est en particulier évident sur la reprise (très remaniée) du standard de blues ‘Stagga Lee’ ou sur le triste récit ‘Ode to Billy Joe’ que Mr Satan conte plus qu’il ne chante sur le fond musical guitare / harmonica, l’histoire d’un jeune qui se suicide, dans l’indifférence de tous sauf du conteur.

La son d’harmonica d’Adam Gussow trouve son territoire de prédilection dans cet espace plus dépouillé, et ses phrasés véloces et inhabituels (pour du blues) y prennent racine.

Dans l’ensemble, cet album est plus introspectif que les deux précédents, un peu plus mélancolique, même si plusieurs morceaux rappellent que les réserves d’énergie du duo ne sont pas épuisées loin de là. Mais de toute évidence, Satan & Adam est ici un groupe plus mur à la fois au niveau du son, des instrumentations et des textes. C’est clairement celui que je préfère des trois, même si j’ai toujours beaucoup de plaisir à réécouter les deux premiers…

Buy Living on the River