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Technique

 
Sébastien Charlier est un harmoniciste Parisien qui s'est spécialisé dans un style complexe au diatonique : le be-bop. Son travail intense dans cette direction l'a amené à parfaire sa technique et bien qu'il ne considère pas qu'elle soit une fin en soi, il dispense aujourd'hui cette technique à travers des cours, des vidéos et des méthodes. Nous lui avons demandé de rassembler les questions qui lui sont le plus demandés par les élèves. Si vous avez des questions à lui poser, n'hésitez pas, écrivez-nous !

Concernant les gammes, plutôt que de vous détailler la manière de jouer chaque gamme nous vous recommandons plutôt l'excellent Harp Layout Generator de Mike Will qui vous propose toutes les gammes dans toutes les positions.

CharlierN&B.jpg (6833 octets)

Sébastien Charlier

Tous les harmonicistes ont eu à se poser un certain nombre de questions quant à leur technique, leur respiration, leur sonorité, etc. Nombreux sont ceux qui s’en posent toujours et grand bien leur en fasse car il n’y a que comme cela qu’on progresse.

Les questions relatives à la technique, à la respiration, aux effets, à la maintenance, etc. sont souvent les mêmes et il n’est pas bien compliqué d’y répondre. Bien plus délicat reste le problème de l’improvisation et du bien fondée de celle-ci, car si se faire plaisir est une chose, communiquer en est une autre et vous aurez besoin tôt ou tard de notions élémentaires et autres principes basiques d’harmonie. Nous y reviendrons…

Voici les quelques questions qui semblent revenir le plus souvent lors des cours que donnent les professeurs que j’ai pu rencontrer (encore que 'donner' ne soit pas tout à fait le terme adéquat).

 


Niveau débutant :

J’arrive à souffler et aspirer dans un seul trou mais je n’altère pas : j’ai beau bouger ma langue dans tous les sens rien ne se passe.

Pour bien comprendre le mécanisme des altérations, vous devez aspirer ou souffler moins d’air que d’habitude (si, si…). Votre langue doit se positionner de telle sorte que le courant d’air vous semble plus difficile afin d’exercer une variation de pression susceptible de déclencher l’altération. Il serait souhaitable de n’utiliser que la langue, ainsi vous utiliserez une seule et même technique pour toutes les altérations de l’harmonica, même si la langue se positionne à différents endroits en fonction des notes à obtenir. En toute rigueur, la partie arrière de la langue se soulève vers le haut et vers l’arrière du palais (pour se fixer au niveau du 'voile du palais') tandis que le bout se dirige 'naturellement' vers le bas et non vers le haut car dans ce cas, vous faîtes le mouvement qui consiste à avaler votre langue, ce qui n’est pas très agréable !

Commencez peut-être par le 1 aspiré qui semble répondre plus facilement et plus rapidement aux premières variations de pressions. Essayez de vous concentrer sur la langue et uniquement la langue même si vous sentez que l’altération peut se déclencher autrement (position de la mâchoire inférieure, débit d’air plus important, position de l’harmonica relevé légèrement vers le haut…). Si vous sentez que vous forcez et que la position de la langue est des plus compliquées, c’est que vous faites fausse route. Ne creusez pas les joues et cherchez la facilité.

Dites vous qu'une fois que vous serez familiarisé avec l'altération, les difficultés du début ne seront que des mauvais souvenirs. L'aspect psychologique est donc lui aussi important : soyez persuadé que l'altération est possible, et cela vous facilitera beaucoup les choses !

 

Mon 2 aspiré semble bouché ou altéré ; il n’a pas un joli son sauf si j’aspire tout doucement.

Malheureusement, l’harmonica n’y est pour rien, environ une personne sur trois altère naturellement le 2 aspiré sur un harmonica en Do (C). Pour compenser, il suffit de relever le bout de la langue vers l’avant et le haut du palais. Essayez de 'respirer' le 2 (et les autres trous) plutôt que de l'aspirer   lorsque vous ne cherchez pas l'altération. Là encore avec l'habitude vous apprendrez à distinguer une position 'altérée' d'une position 'non altérée'

 

Je ne joue pratiquement jamais dans les aigus, ça ne sonne pas quand j'aspire, ça grince à tout va.

C’est dommage car le même phénomène compensatoire que ci-dessus appliqué aux aigus devrait vous permettre d’obtenir de biens belles sonorités. Le problème réside aussi dans le fait que nous sommes de moins en moins habitués aux aigus et que certaines fréquences paraissent nous agresser (je ne parle même pas des voisins et des animaux de compagnie...). Habituez vous à jouer dans les aigus sur un harmonica grave (type G ou A) et je parie que vous serez réconcilié avec cette octave.

 


Niveau Moyen :

Comment faire pour être précis sur chaque altération ? J’ai l’impression que je n’arriverai jamais à enchaîner rapidement les notes altérées aux notes naturelles.

Il y a deux choses : 1) il s’agit d’être juste. Vous pouvez vous aider d’un autre instrument ou, mieux, d’un accordeur chromatique pour vérifier où vous en êtes sur certaines altérations. Ainsi vous pourrez repérer plus précisément le positionnement de votre langue en fonction de la note à obtenir. 2) La précision au niveau du timbre ne s’obtient qu’en travaillant les articulations entre les notes. N’hésitez pas à prononcer des onomatopées " percussives " (genre /te/, /de/, /le/…) lors de l’altération. Vous obtiendrez un contour plus net aux notes jouées, un jeu plus lisible. Quand vous saurez exactement où se positionne la langue pour chacune de vos altérations, vous pourrez enchaîner plus rapidement vos traits et phrasés.

D'autre part, il est bon de travailler le passage d'une note non altérée à une note altérée, ainsi que le passage d'une note altérée à une autre note altérée, et ce dans la même case ou dans des cases différentes, pas nécessairement adjacentes. C'est un travail de longue haleine mais payant. C'est grâce à cela que vous pourrez jouer dans des styles autres que le blues, où le manque de précision peut être volontaire.

 

Lorsque je joue un Blues en Sol sur mon harmonica en Do (C), je sens que j’aspire beaucoup trop d’air, y a-t-il une respiration propre à l’harmonica ?

La position Cross-harp (2nde position) est essentiellement aspirée, d’où votre première sensation. De plus, il est possible que vous aspiriez beaucoup trop d’air lors des altérations. N’oubliez pas que l’altération se fait sans forcer (quelque soit le type d’altération)… J’espère enfin que vous ne respirez pas à l’envers : vous devez en réalité contracter les abdominaux en soufflant et pousser le ventre vers l’avant en inspirant ; ces mouvements diaphragmatiques sont là pour vous aider. Au bout d’un moment, tout cela paraît si naturel que vous demanderez comment vous faisiez pour être essoufflé.

Un bon moyen de travailler la respiration ‘Cross Harp’ est de faire des rythmes de types ‘locomotive’ en alternant un accord soufflé et un accord aspiré, par exemple (234) aspiré puis (123) soufflé puis (123) aspiré puis (123) soufflé et ainsi de suite. Vous entendez une sorte de DA-DA-DA. Cela fait travailler les abdominaux et vous apprend à respirer moins fort pour générer autant de son. Dans un deuxième temps, essayez de couper chaque inspiration et expiration en deux. Vous entendez maintenant DA-da-DA-da-DA-da. Petit à petit accélérez jusqu’à ce que vous ayez mal aux abdos : c’est bien, c’est que ça travaille !

 

Je joue essentiellement le Blues en Cross-harp de 1 à 6 sur mon harmonica, je n’ose pas me lancer dans les aigus car j’entends que ça ne sonne plus vraiment Blues, que faire ?

Vous touchez là un des points essentiels de l’apprentissage de l’harmonica. Beaucoup de très bons joueurs ont toujours joué de 1 à 6 et ça ne les a pas empêché de nous faire rêver (on peut citer en particulier Little Walter et Sonny Boy Williamson 2). Si néanmoins vous vous sentez un peu frustré, il va falloir travailler… Plusieurs possibilités s’offrent à vous :

  1. La première ruse consiste à changer de gamme à partir du 6 soufflé ; vous passez alors en pentatonique Majeure jusqu’au 9 soufflé : il n’y a aucune altération. Du 9 au 10 vous repassez en Blues avec le fameux " cris " du Bluesman : 10 altéré deux fois.
  2. Vous apprenez à jouer la gamme Blues de 6 à 10 et c’est là que ça se complique si vous ne maîtrisez pas l’overblow en 6 et l’overdraw en 7 (et pourquoi pas celui du 10). D’où un cap à franchir : l’overblowin’.
  3. Vous vous rendez compte qu’il n’y a pas que la gamme Blues de Sol dans la vie et que même une simple gamme Blues de Ré, c'est à dire la 3ème position sur un Do (C)) vous permettrait de travailler les aigus avec un son Blues.
  4. Plus long, plus dur, mais plus sûr… vous apprenez une bonne fois pour toute le chromatisme sur trois octaves et vous ne me poserez plus jamais ce genre de question (non mais des fois !)

 


 Niveau Avancé :

Mes overblows sont trop bas et mes overdraws sont trop hauts, ai-je vraiment la bonne technique ?

Si vous déclenchez les " overnotes " sans forcer et avec beaucoup de facilité alors oui, vous avez la bonne technique. En ce qui concerne la justesse, beaucoup de joueurs n’avancent pas assez la langue lors de l’obtention de l’overblow, ce qui fait qu’ils ont deux trois commas en moins (cela peut être plus) par rapport à la note juste. A l’inverse, une position de langue trop haute peut déclencher des doubles (1/2 ton au dessus de la première " overnote " possible), triples ou quadruples (jusqu’où s’arrêteront-ils ?) overdraws sans que cela semble plus compliqué que d’habitude. Cette position est très intéressante sur le trou 10 car vous pouvez dans ce cas augmenter la tessiture de votre instrument. Toutes ces notes apportent dans tous les cas un timbre nouveau à votre jeu (surtout si vous " slidez " d’un overblow à un double par exemple : vous vous retrouvez alors dans la même configuration que le slide sur les altérations "conventionnelles").

 

Utilises-tu les overblows en 2 et 3 ? ils semblent inutiles, il en est de même de l’overdraw en 8.

Pour citer un exemple tout bête : il est parfois plus rapide de faite un overblow en 3 que de souffler dans le 4, tout dépend d’où vous venez et où vous comptez repartir. La question ne pose plus lorsque vous maîtrisez parfaitement la technique de l’overblowin’. Plus vous avez de doublons plus vous aurez le choix dans l’élaboration de certains phrasés. J’avoue que tant que la vitesse d’exécution n’est pas très élevée, vous pouvez vous en passer.

 

Certaines tonalités sont tout de même plus compliquées que d’autres, non ?

Vous pouvez avoir vos tonalités de prédilection mais sachez que tout est question de travail et que seules les tonalités les moins travaillées vous sembleront plus difficiles. Néanmoins, certains phrasés sonneront peut-être mieux dans des tonalités jugées "plus raisonnables". Certaines articulations et trilles resteront impossibles dans certaines tonalités mais le plus souvent, ce ne sont pas celles qu’on croit… Ceci étant, le tout n’est pas de se dire : "je l’ai fait", mais plutôt : "l’ai-je fait sonner". Vous pouvez jouer dans toutes les tonalités, mais cela ne signifie pas que vous allez obligatoirement tout jouer dans toutes les tonalités !