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Critiques

George Fields

George Fields - The Bach Stops Here

" J’ai fait cet enregistrement il y a près de trente ans, pour l'amour de l'art."

C’est ce que George Fields avoue a propos de cette collection d’interprétations des chefs-d’œuvre de J.S. Bach. Tout les morceaux du CD sont joués par George au chromatique et à l’harmonica basse. Le présent CD est une compilation de tous les titres d’un ancien vinyl ainsi que de quelques autres morceaux enregistrés à l’époque. Tous les enregistrements, le mixage et le mastering des pistes originales ont été réalisés à la maison, chez M. Field.

Voici ce que l’on peut lire sur la pochette : " C’est comme si cette musique demandait à être jouée, et même si l’interprète devait être un joueur de fifre ou de Kazoo, la musique de Bach reste intacte pourvu que cette interprétation conserve le sens du bon goût et de la précision." Je suis tout à fait de cet avis, et non seulement la musique reste intacte dans les mains du maître George Fields, mais plus encore elle y fleurit comme une prairie au printemps.

Cela dit, il y a quelques aspects du CD que j’apprécie moins, et je suppose que ce dont je me plains provient des morceaux additionnels qui n’étaient pas sur l’original. Sur certains morceaux le bruit de la tirette est aussi fort que la musique... et étant donné qu’il y a trois ou quatre pistes ou se problème se manifeste, cela fait quand même pas mal de bruit. On pourrait faire remarquer que tous les instruments font du bruit (le bruit des cordes sur une guitare par exemple) mais la tirette d’un harmonica peut-être rendue quasi-silencieuse... on ne devrait pas l’entendre sur un enregistrement. L’autre point négatif est que certains morceaux peuvent seulement être qualifiés d’"intéressants".

Si je suis aussi dur, c’est parce que la qualité des autres morceaux est impeccable. Si vous voulez entendre une basse superbe écoutez les articulations tranchantes et les belles phrases qui louvoient dans les parties les plus douces, les lignes de basses qui continuent sur un chromatique 16 trous... par moment, il est difficile de deviner sur quel instrument il joue. La précision pure, à vous couper le souffle, du jeu de Fields, et ce dans tous les registres, m’a fait me demander, les premières fois où je l’ai écouté, "mais comment fait-il ça ?" Son jeu de chromatique demande seulement à être écouté pour comprendre qu’il s’agit d’un maître du genre. Je ne connais personne aujourd’hui qui soit capable de jouer Bach aussi merveilleusement, et Bach est mon domaine de spécialisation !.

Ce n’est pas seulement un CD de pyrotechnie harmonicale ; on est très vite captivé par la musique elle-même. Les Inventions en Deux Parties n°10 & 13 (pistes 5 et 7), une Petite Fugue en G mineur (p.11), La Fugue n°7 (p. 15) et la très belle Symphonie n°11 (p. 16) sont tout simplement ahurissantes. Tous ces morceaux peuvent être écoutés entre deux longs moments de silence, ou même être passé en boucle.

L’enseignement a évolué depuis ces enregistrements, ainsi que les styles et les goûts. Pourtant, dès le premières notes passées, on oublie la lecture un peu romantique de certains morceaux, tout simplement parce qu’il les joue si bien. Fields mentionne dans la pochette la grande claveciniste Wanda Landowska. Elle jouait sur un clavecin constitué d’un corps de style piano à queue et d’un châssis métallique, très éloigné de l’instrument sur lequel jouait Bach. Elle fut pourtant la tête de file de la renaissance de la musique de Bach au clavecin. Avec cet album, je pense que George Fields sera reconnu comme celui qui aura ouvert la musique de Bach à l’harmonica. On reconnaît la vraie valeur d’un enregistrement lorsqu’on l’écoute encore et encore en y trouvant sans cesse des aspects et un sens nouveaux. Ce CD vaut la peine d’être acheté, et quelques soit le genre de musique que vous écoutez, vous ne manquerez pas d’être captivé.

Douglas Tate


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