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Critiques

Nico Wayne Toussaint

Nico Wayne Toussaint - Blasting the Blues

La dernier album de Nico Wayne Toussaint s’appelle "Blasting The Blues". Avec un titre pareil, on a une petite idée de ce que l’on va y trouver. Et on n’est pas déçu à l’écoute de la première piste. "Late Last Night" s’ouvre sur une guitare heavy et continue sur un boogie à un accord conduisant à un joli travail de Nico sur harmo amplifié. Malheureusement, le ton et le tempo du morceau changent à la fin pour accommoder une guitare slide qui sonne plutôt comme du BlueZ de série Z...

Le second titre est un classique de Muddy Waters, "Champagne and Reefer", la voix bluesy de Nico accompagne un harmo style Little Water, léger et nasillard à l’arrière plan. Le son de Nico est classique du Chicago Blues dans les solos et plus bref et doux sur les morceaux plus traditionnels. "Cadillac Babe" remet la sauce et rappelle la version de "Rocket 88" de James Cotton. Nico cite Junior Wells et James Cotton comme étant ses principales inspirations et son style reste proche des deux, même s’il penche plus vers Cotton sur ce titre. Si celui-ci ne vous à encore pas fait vous relever, vérifiez votre pouls !

"Little Angel Child" est un blues lent où Nico joue un harmonica acoustique plaintif qui rappelle encore James Cotton. Nico ressert ensuite le couvert avec "Hot Sometimes", un classique du blues agrémenté d’une grille d'accords originale. Sur le premier solo de guitare, le morceau monte d'un ton, puis le groupe redescend pour le deuxième solo de guitare et celui de Nico à l’harmo. Le son criard de Nico en fait un autre morceau parfait pour terminer un concert.

L'ambiance générale du disque change ensuite complètement avec "Morning swing", un titre jazzy où Nico prend le chromatique et qui comporte même un solo de basse. "No Sweat" est la première chanson avec des paroles en français, bien que le titre ne le laisse pas entendre. Il s’agit d’un autre titre jazzy accompagné d’une clarinette qui se promène à travers le morceau autour d'une voix chantant doucement, mais sans harmo. Il revient, plus acoustique sur "She’s Got Them Attitudes", un morceau plein d’entrain dans la tradition des jug bands. "Blasting" est le terme approprié pour décrire le "Walking Blues" qui suit. Ce son lourd et sifflant, c'est Robert Johnson qui se retourne dans sa tombe... J'en ai assez dit...

"Got Love If You Want It" est une version intéressante du titre de Slim Harpo. Une puissante reverb sur un harmo non-amplifié, la voix soutenue par une guitare lourde de tremolo, et une batterie à la Bo Diddley, donnent un feeling bien swampy, comme il se doit. "L’avenir à Venir", autre titre en français, nous fait entendre une guitare slide très country, le morceau figurerait d’ailleurs en bonne place dans les Charts de musique country. C’est une jolie chanson, mais je ne suis pas certain de ce qu’elle fait sur cet album.

L’écoute nous emmène ainsi jusqu’à "I’m in Love". Une fois, j’ai vu Steve Guyger jouer un blues lent comme troisième rappel dans un concert, et qui à eut pour effet de calmer le public en délire et de le raccompagner chez lui en douceur plutôt que de le laisser en redemander jusqu’au bout de la nuit. Ce dernier titre est dans la même veine, et laisse l’auditeur dans un état d’esprit léger et contemplatif plutôt que de terminer sur un morceau explosif, comme le titre de l’album pourrait le suggérer.

Ce qui est effrayant à propos de Nico, c’est qu’il n’est qu’un gamin comparé aux vieux routards comme moi. Et pourtant, sa maturité de jeu et sa maîtrise du son sont inhabituelles chez un joueur si jeune. Il y a des tonnes de jeunes joueurs d’harmo avec la même pêche et un son aussi bon, mais ils n’ont pas cette âme, ou en tout cas pas cette oreille. Nico ne peut que se bonifier encore avec le temps, et je suis impatient d'entendre ce que ça va donner.

John "Chon" Sawyer


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