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Poème de Sylvain GUEHL

 

Le baiser bleu

Lorsque je rentre le soir au crépuscule
Et que ma soif de vivre me paraît bien loin
Je monte l'escalier derrière la vieille pendule
Afin de retrouver celui que je quittai au matin.

Il est là, reposant sagement sur le lit drapé
Attendant simplement que je décide par moi-même
Si ma peine n'a pas besoin d'être consolée
Ou s'il doit me faire oublier tous mes problèmes.

Alors, mes mains agrippent l'arrière de son corps
Et je peux sentir sa chaleur sous mes paumes
L'émotion m'emporte, je le serre si fort
Qu'en nous se mêle l'esprit du même fantôme.

Doucement, mes lèvres se posent sur sa face
Laisant passer le souffle qui nous joint
Ma gorge en vibre d'un plaisr presque cocasse
Mais notre harmonie en ferait rêver plus d'un.

Au moment où ma langue, par un accord commun
Le rencontre et par là-même accentue le flux,
Je ferme les yeux et profite de ce tendre besoin
Ce désir d'exposer mon âme et de me sentir nu.

Dans ces rares moments d'intimité illusoire
Nous formons un couple heureux qui se fond,
Et l'on peut entendre l'amour et le désespoir
Dans l'entité musicale qui transcende notre union.

Ô Dieu, je ne connais pas de plaisir plus grand
Ni même d'émotion plus forte que celle-là,
Celle qui naît lorsque mon cri jaillit du néant,
Lorsque je pleure au travers de mon harmonica.